Bianca, Florence et Marguerite

29 octobre 2016

La cantatrice américaine Florence Foster Jenkins [1868-1944] aurait inspiré Hergé pour son personnage de la cantatrice italienne Bianca Castafiore. Bien que les archives du bédéiste ne le confirme pas, il s’est trouvé des observateurs pour faire des rapprochements : le silence sur la voix fausse de Florence se compare au silence sur la corpulence de Bianca; etc.

Cet automne, deux femmes se font concurrence sur les écrans des cinémas québécois : Florence elle-même et Marguerite, l’incarnation française de la première. Le prénom Marguerite se trouve être celui de la jeune fille qui chante l’air préféré de la Castafiore : l’Air des bijoux, dans l’opéra Faust de Charles Gounod. Il y a aussi Margaret Dumont, une actrice américaine des comédies des Marx Brothers, une contemporaine de Florence dont le nom de scène était Marguerit Dumond. Hasards? Peut-être.

Dans chacun des rôles, une grande actrice : Meryl Streep et Catherine Frot. J’ai d’abord vu Florence et j’ai ri, j’ai été émue par cette adaptation proche de la biographie. J’ai ensuite vu Marguerite – dont j’attendais davantage, vu la liberté que le scénariste s’était octroyée – et j’ai été conquise par la sublime musique classique et le décor des années 1920 des premières minutes, puis de plus en plus contrariée par l’atmosphère suffocante, les clichés et une fin improbable

L’auteur-réalisateur Xavier Giannoli a inséré dans la vie de sa cantatrice, plus pathétique encore que la vraie, un mari pleutre, un gras divo déchu et son mignon, une tireuse de cartes à barbe et un majordome noir, photographe et pianiste, qui la protège, la vénère et pourtant la trahit à la fin.

Les 112 minutes de Florence ont passé vite, mais les 127 minutes de Marguerite m’ont paru très longues et bien en-dessous du réel, qui, ici, dépasse la fiction.

Florence Foster Jenkins a inspiré plusieurs pièces de théâtre. En 2008, la pièce La casta flore, de la Compagnie Jean-Duceppe, présentait sur scène la vie de la cantatrice américaine, de sa rencontre avec son pianiste accompagnateur Cosmé McMoon, jusqu’à sa mort.