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Chapitre 3 : Lire oui! mais pas n’importe quoi!

mercredi 27 décembre 2023

Le chapitre 1, c’est mon blogue du mercredi 12 janvier 2022. Le chapitre 2, c’est celui du 13 novembre 2022. Il y avait, et il y a toujours en moi une pulsion de croisade pour une éducation qui mérite ce nom. J’avais mis mes critiques sur Babelio. Je les avais expédiées au Centre de services scolaire de Laval, obtenu une confirmation par téléphone de réception, mais depuis aucun suivi… Et voilà que ce que je dénonçais s’aggrave ENCORE. Alors je reprends et j’en rajoute.
Après que mon petit-fils se soit fait imposer les deux premiers tomes de la série des cadavres de Robert Soulières, le voilà qui arrive avec le troisième : Un cadavre stupéfiant (au sens de cocaïne !) Cette lecture est liée à un module de français de son école secondaire lavalloise, Georges-Vanier, dans lequel il doit endosser un rôle de booktubeur (mot anglais non francisé) qui recommande ce livre. On ne lui offre pas l’option de le critiquer. C’est très grave dans un contexte d’éducation censé développer la pensée personnelle.

Et que dit-il à nos ados, ce roman dont l’humour douteux ne peut le plus souvent être compris que par les adultes de la génération de l’auteur québécois né en 1950 (un Montréalais de ma génération)?
Des proverbes misogynes, racistes: Femme sans homme, barque sans gouvernail. / Personne n’a regretté d’être marié jeune ni de semer de bonne heure. / La vengeance est douce au coeur de l’Indien.
– Des jeux de mots pas drôles, gratuits, des allusions religieuses négatives, grivoises, anti-pédagogiques: … ta mère a toujours raison surtout lorsqu’on a tort. Et c’est ainsi qu’Allah est grand… (p. 105) / …. l’église Notre-Dame-de-la-Déconfiture (p. 124), tout près du boulevard de la Tentation (p. 157) / Le chien fait semblant d’écouter comme un jeune de 2e secondaire à son cours de morale (p. 115) / On se croirait dimanche tellement le calme est plat. Pire, on se croirait dans un film de l’ONF (Office national du film) (p. 120) / Et à la fin, passer à ses parents un sac de guimauves est, pour un enfant, une accablante tâche ménagère, du despotisme parental, etc. (p. 218)
– Des images stéréotypées et dégradantes: Mes parents sont des bourgeois indécrottables. (p. 16) / … le père d’Élizabeth […] est grand comme une borne-fontaine. […] mes excuses aux bornes-fontaines... (p. 18) / … refuser une invitation d’un gars bien gentil, mais qui n’a pas inventé les boutons à quatre trous, même si son visage en est rempli... (p. 39) / … son épouse qui ressemble à un frigo en spécial dans une vente de garage. (p. 58) / autres exemples (il y en a quasiment à chaque page) : la mariée qualifiée de beauté africaine dans une robe diaphane blanche (p. 92) / l’inspecteur qui dans le tome 1 salivait de désir devant son assistante noire, aux lèvres rouges dans un robe blanche, croit dans le tome 3, voir un ange, une beauté [prénommée Olga] montée sur des talons aiguilles […] avec de longues jambes dans des bas résille sous une micro-jupe, une pierre dans le nombril, une formidable crinière blonde, etc. (p. 158 et 159), et que lui dit-il ? – Venez, je vous paie un verre. Olga pousse la porte et l’inspecteur la suit comme un petit chien. (p. 160) Et cela continue sur ce ton, comme dans un vieux James Bond, en plus ridicule, puis Olga devient le Messie, le Sauveur (p. 164).
– De la désinformation (si je corrige mal, qu’on me le dise): … ce satané portefeuille en cuir d’alligator que j’ai tué en Égypte australe lors de mon dernier safari… (p. 31 – il n’y a pas d’alligator en Égypte ni même d’Égypte australe, le pays étant dans l’hémisphère Nord de la Terre; mais il y a des crocodiles, un animal sacré et protégé, alors quel message envoie-t-on avec un inspecteur de police qui en a tué un pour le plaisir?)
– Un français malmené, anglicisé, un exemple: C’est full foule…(p. 58).
– De l’infantilisation en même temps que de la sexualisation: aux pages 43 et 45, les ados sont invités à se comporter en enfants d’âge préscolaire en grattant un carré pour sentir le parfum de la mariée, en découpant ses vêtements de papier pour en vêtir une jolie poupée de carton, en touchant un morceau du tissu sensuel du veston du marié.
– De la banalisation des armes, de la folie meurtrière, de la cocaïne: – Toi, j’aurai ta peau, mon salaud ! Tu mérites la mort / L’inspecteur revoit en accéléré les films Massacre à la scie, Massacre à la tronçonneuse et La mariée était en noir. […] le bandit brandit un colt .45 modifié. Etc., où le fou furieux tire sur un faux prêtre revendeur de cocaïne pure à 90 % que les policiers s’empressent tous de goûter et de regoûter (p. 66 à 71), où le vieux curé regarde à la télé le film Un cadavre au dessert (une autopromotion de l’auteur, parmi plusieurs autres) (p. 90).
– Des policiers aussi incompétents que stupides et dépréciés: p.e. l’inspecteur interroge un otage sans penser à lui enlever son bâillon (p. 88), les deux policiers appelés à prêter main-forte ont l’air mais pas la chanson, ils sont traités de loustics (Larousse : individus en qui on n’a pas grande confiance) (p.107), et ce ne sont pas des lumières. (p. 146) / L’alcool aidant, l’inspecteur pourra aisément doubler ce chiffre dans son rapport. Et sur cette malhonnête réflexion, il se commande un triple cognac… (p. 161) / …. ce gros lard (l’inspecteur) peut-il mettre des mots sur quoi que ce soit? (p. 176) / – S’il a un bac, votre inspecteur de mes deux [fesses], c’est sûrement un bac de récupération. (p. 181) Il est de l’espèce des clowns (p. 195), un imbécile bon pour la déchiqueteuse (p. 202) / – Faire disparaitre cet inspecteur à la gomme sera une grande joie pour moi. Ça fera ma journée… (p. 208) / Dans les dernières pages, on découvre que l’assassin du faux prêtre et ravisseur d’Élisabeth est un policier qui est depuis assez longtemps dans la Police pour savoir comment on peut se moquer des lois. (p. 196)

Finalement, le clonage des Olga et du chien Rex par photocopies – le dénouement de ce roman – est très très loin de la qualité littéraire et philosophique du Frankenstein de Mary Shelley, hélas ! Très très loin des livres qu’il me ferait plaisir de voir dans les mains de mes petits-enfants, et probablement des vôtres ou de vos enfants, si ma démonstration en trois chapitres vous a atteint.

Comment expliquer que la Société des arts et de la culture (SODAC) de Longueuil a appuyé financièrement l’écriture de ce livre destiné aux ados? Le jury l’a-t-il lu? Dans les remerciements, l’auteur mentionne Félix Maltais (que j’ai connu à l’excellent magazine Les Débrouillards) «qui aurait préféré que son nom ne soit pas associé à ce roman». Est-il vraiment le seul?
Comment expliquer que des écoles continuent, année après année, à faire lire cette série de romans et que des pédagogues les louangent?

Chapitre 2 : Lire oui! mais pas n’importe quoi!

lundi 13 novembre 2023 – lire l’article précédent (12 janvier 2022) et le suivant (27 décembre 2023)

Le chapitre 1, c’est mon blogue du mercredi 12 janvier 2022. Il y avait, et il y a toujours en moi une pulsion de croisade pour une éducation qui mérite ce nom. J’avais mis cette critique sur Babelio. Et voilà que ce que je dénonçais s’aggrave. Alors je reprends et j’en rajoute.
Je réitère ne pas comprendre que ce livre – Un cadavre de classe de Robert Soulières – censé être destiné aux jeunes de 12 ans ait eu un prix littéraire et soit devenu une lecture obligatoire dans certaines écoles du Québec, notamment à Laval. Pire encore, il y a une suite que les bibliothécaires et les profs recommandent, voire imposent aux ados : Un cadavre de luxe. Si j’ai lu ces inepties, c’est que ces livres ont été imposés à mon petit-fils, à l’école Georges-Vanier de Laval. Et cela fait des années que la Commission scolaire de Laval les met dans les mains de nos ados. J’ai trouvé sur Babelio cette critique signé cslaval, en date du 22 février 2010 : «Voici un roman plein d’humour pas drôle… Les élèves de secondaire un ne comprennent pas l’humour de l’auteur et trouvent l’histoire un peu simple. Par contre, roman idéal pour commencer à enseigner le schéma narratif.» Comme si le message et la forme n’avaient aucun lien.
Les jeux de mots de ces livres – de mauvais goût pour la plupart, en plus de n’être compréhensibles que par des adultes lettrés – font penser à Hôtel Transylvanie, une série de films aussi détestables que ce roman dans un contexte d’éducation. Est-ce vraiment cela que nous devrions transmettre à nos enfants: l’image d’un professeur incompétent détesté de tous et dont le principal de l’école ne parvient pas à «se débarrasser», l’acceptation sociale de l’expression de la haine envers lui, de la vengeance personnelle et de la satisfaction de le savoir enfin mort, les allusions grivoises, les raisonnements bêtes de personnages ignares, sans compassion (je pourrais continuer…)? 
De l’humour? Peut-être, mais pour qui et pour transmettre quel système de valeurs sociales? C’est mon Prix Citron. Poubelle. Dommage, car si le contenu narratif est on ne peut plus navrant, la structure originale pourrait soutenir une histoire contribuant «au développement du rôle de citoyen responsable, conscient de ses droits mais aussi de ses responsabilités» (extrait des «Orientations pédagogiques du ministère de l’Éducation du Québec). Est-il devenu rétrograde de proposer à nos jeunes des modèles de bon sens? 
Je ne dis pas qu’on doit rendre obligatoire la lecture des classiques européens (ce que certains ont proposé récemment dans des entrevues télévisées), je dis qu’il existe de la littérature québécoise contemporaine qui mérite d’y intéresser nos ados. Que ces romans-là de Robert Soulières n’en font certainement pas partie. Je demande au ministère de l’Éducation et aux Centres de services scolaires de réfléchir aux conséquences de ces lectures, je suggère de former un comité indépendant de lecteurs pédagogues pour établir des critères de choix et une liste de lectures dignes de nos valeurs québécoises citoyennes et positives. Une liste qui résiste aux pressions des maisons d’édition, si cela existe actuellement. Et à l’idée aberrante qu’il n’y a que ce genre de littérature qui intéresse les ados.
Le philosophe Normand Baillargeon, entendu au Canal Savoir, me donne raison. Lui et moi – et j’espère de nombreux adultes des milieux de l’éducation –, partageons cette posture professionnelle: en bref, pour transmettre une culture générale, il faut s’inscrire dans une logique de propositions, l’inverse de la logique dominante de réponses à une demande. 
J’ai un Ph.D. en éducation, un brevet d’enseignement. Je suis prête à m’investir dans un projet de propositions de lectures formatrices pour nos ados. C’est important et urgent. Quelqu’un me suit?

Chapitre 1 : Lire oui! mais pas n’importe quoi!

mercredi 12 janvier 2022 – lire la suite 2 (13 novembre 2023) et 3 (27 décembre 2023)

Il y a en moi une pulsion de croisade pour une éducation qui mérite ce nom. J’ai mis cette critique sur Babelio.

«Je ne comprends pas que ce livre censé être destiné aux jeunes de 12 ans ait eu un prix littéraire et soit devenu une lecture obligatoire dans certaines écoles du Québec, notamment à Laval. Les jeux de mots – de mauvais goût pour la plupart, en plus de n’être compréhensibles que par des adultes lettrés – font penser à Hôtel Transylvanie, une série de films aussi détestables que ce roman dans un contexte d’éducation. Est-ce vraiment cela que nous devrions transmettre à nos enfants: l’image d’un professeur incompétent détesté de tous et dont le principal de l’école ne parvient pas à «se débarrasser», l’acceptation sociale de l’expression de la haine envers lui, de la vengeance personnelle et de la satisfaction de le savoir enfin mort, les allusions grivoises, les raisonnements bêtes de personnages ignares, sans compassion (je pourrais continuer…)? De l’humour? Peut-être, mais pour qui et pour transmettre quel système de valeurs sociales? C’est mon Prix Citron. Poubelle. Dommage, car si le contenu narratif est on ne peut plus navrant, la structure originale pourrait soutenir une histoire contribuant «au développement du rôle de citoyen responsable, conscient de ses droits mais aussi de ses responsabilités» (extrait des «Orientations pédagogiques du ministère de l’Éducation du Québec»). Est-il devenu rétrograde de proposer à nos jeunes des modèles de bon sens?

Mémoires programmées

 14 octobre 2023

Pourquoi vais-je parler de Mémoires programmées (Total Recall), le film américain de science-fiction réalisé par Len Wiseman, sorti en 2012, un remake de celui de Paul Verhoeven, sorti en 1990? Parce qu’il s’agit d’adaptations cinématographiques de la nouvelle Souvenirs à vendre (We Can Remember It for You Wholesale) de Philip K. Dick? Oui… mais non, pas cette fois! C’est pour un dialogue entre Matthias, le chef de la Résistance, et Carl Hauser, un agent secret amnésique qui ne sait pas qui il était, mais qui sait qui il veut être. Je le trouve d’actualité :
Houser – Je voudrais me rappeler.
Matthias – Pourquoi ?
Houser – Pour redevenir qui j’étais.
Matthias – Il est vrai que la quête de tout homme est de découvrir qui il est, mais la réponse se trouve davantage dans le présent que dans le passé. C’est ainsi pour chacun d’entre nous.
Houser – Oui, mais le passé nous indique notre parcours.
Matthias – Le passé est une construction de l’esprit. Il nous aveugle et nous leurre pour nous faire y croire. Le cœur veut vivre dans le présent, c’est là qu’il faut chercher.

La culture selon LCN

9 octobre 2023

Ce matin, jour d’Action de grâces, je déjeune en regardant à la télé « Le Québec matin» de LCN, et voilà que défile au bas de l’écran leurs deux nouvelles étiquetées CULTURE : 1. Marc Hervieux a une potentielle nouvelle relation amoureuse; 2. une actrice (qui n’est pas nommée) a une difficile relation avec sa mère.
C’est cela la CULTURE pour LCN ? Voyons si je peux trouver sur Internet une définition qui justifie d’accoler ce mot, CULTURE, aux états d’âme de nos vedettes québécoises.

plus « La culture selon LCN »

Souvenir d’un jubilé d’Élizabeth II

11 septembre 2022

La Société littéraire de Laval avait produit une exposition multidisciplinaire soulignant le jubilé de diamant d’Élizabeth II. 
Danielle Shelton, commissaire, artiste et autrice, les écrivaines Françoise Belu, Leslie Piché, Nancy R Lange, Francine Allard et Diane Landry, les écrivains Denis-Martin Chabot et Claude Drouin, ainsi que le calligraphe José Acquelin et le photographe R. A. Warren avaient relevé le défi d’évacuer leurs allégeances politiques pour s’intéresser à «la femme sous la couronne», d’où le titre de l’ensemble de la démarche artistique.
Les neuf installations et œuvres numériques explorent, en mots et en images indissociables, une gamme d’émotions jouées sans fausse note, allant de la compassion respectueuse à l’humour absurde.
OUVRIR LE PDF du tiré à part de la revue Brèves littéraires 86 (février 2013)

Crédit : installation de Danielle Shelton, La boîte de chocolats; texte de Françoise Belu, Pour faire le portrait d’une reine, pastiche du poème de Jacques Prévert, Pour faire le portrait d’un oiseau
Photo de l’installation : R. A. Warren

Du Grand Bleu à la La leçon de piano à un mur végétal

2 avril 2022

Le 30 mars, j’ai posté dans le Facebook de «Cinéma & Littérature» une nouvelle de Marthe Couder (une élève de mon atelier d’écriture, qui m’y a autorisée) dans laquelle elle fait un rapprochement (la noyade) entre deux films : Le Grand Bleu et Le Leçon de piano. Sa création littéraire s’intitule : «Il faut une bonne raison pour remonter».

Un membre du groupe, Robert Cervetti, m’a écrit (a-t-il réalisé que son mot ne s’adresse pas à moi, mais à Marthe?): «Magnifique texte. Vous êtes une rêveuse une romantique. Vous espérez l’absolu… Moi je n’ai croisé que des dauphins 😉et le metteur en scène Jacques Mayol à Marseille.»

Je lui ai répondu : «Il arrive qu’on croise quelque part quelqu’un d’inattendu, et que cela soit un beau moment. Un jour, j’ai croisé un homme vert, tout vert, des chaussures au cheveux. Il était devant son mur végétal du musée du quai Branly, le jour de l’inauguration. On a parlé, j’ai fait une photo. Je n’avais pas d’invitation, je suis entrée avec lui, Patrick Blanc, dans l’espace de Jean Nouvel. C’était comme au cinéma!»

J’aime l’imprévu des enchainements d’idées!

Les cailles en sarcophage de Babette

2 mars 2022

D’après une nouvelle de Karen Blixen.
Oscar du meilleur film en langue étrangère 1988.
Je me le remémore et je fouille dans mes carnets intimes.

Au XIXe siècle, Babette fuit la guerre civile et se réfugie au Danemark, dans une austère communauté luthérienne. Elle gagne à la loterie et utilise tout son gain pour cuisiner un somptueux repas qui réunit les sœurs Filippa et Martine qu’elle sert depuis quinze ans, leurs amis et un général de passage.

À table, le général parle d’une cuisinière, la chef d’un restaurant parisien qui «était capable de transformer un repas en une sorte de liaison amoureuse. Une relation si passionnée qu’on se prend à constater que l’appétit physique ne diffère en rien de l’appétit spirituel.» (Écrivant cela, je me sers un Beaume de Venise.) Le général se lève et dit : «Il arrive un jour où notre champ de vision augmente.» Filippa chante : «Vois le jour de nouveau se hâter. Et le soleil dans l’eau se baigner.» À la fin du repas, le groupe sort de la maison et Martine constate que «les étoiles se sont rapprochées un peu». Sa sœur Filippa réplique : «Peut-être se rapproche-t-elle un peu tous les soirs.» Babette cite alors l’ami commun, l’artiste lyrique Achille Papin : «Qu’on me donne la chance d’offrir la meilleur de moi-même.» (Là, je bois ma liqueur dorée.)

À Montréal, en complément du film, on pouvait déguster le Festin de Babette dans un grand restaurant à proximité de la salle de cinéma.

Un certain Christophe Aubert

Dimanche 27 février 2022

J’écris ce commentaire à la suite d’un post * d’un inconnu de Cinéma et Littérature.

«Christophe Aubert, je vous suivrai, j’aime ce que j’ai lu. Je vais revenir sur La route de Madison. Il y a dans ce film la scène la plus érotique du cinéma, de mon point de vue féminin – et peut-être la verrez-vous comme moi. 
Dans son bain, Francesca tend la main pour recueillir quelques gouttes d’eau que laisse échapper la pomme de la douche. Il avait été « là quelques minutes avant ». Elle est « étendue là où l’eau avait coulé sur son corps ». Et elle trouve cela « immensément érotique ». Je trouve cela immensément érotique.
Je rappelle que la trame de ce film est le journal intime de Francesca, que ses enfants découvrent après son décès.»


*Post de Christophe Aubert
«L’autre jour, il y avait un commentaire d’une phrase à propos du film d’Eastwood « Sur la route de Madison » presque un graffiti : « film de nana », ou quelque chose d’approchant. Comme si les sentiments amoureux appartenaient à ce genre féminin. Je sais, pour ma part, que les sentiments amoureux auront été l’une des grandes affaires de ma vie, que longtemps je me serai levé tôt pour courir après. Et que maintenant que mon corps abandonne le terrain, je ne regrette certainement pas d’avoir couru autant. Les « nanas » auront été la passion de mon être, j’aurai été toute ma vie fasciné par la façon, ou plutôt les façons dont l’autre sexe se réarrange des vicissitudes, des émotions, des échecs, des envies, des doutes et des plaisirs qui traverse leurs vies de femmes. J’aurais aimé être petite souris pour les observer en secret, dans leur poche toute ma vie pour voir les leurs. Le roman, mais maintenant plus encore le cinéma, me permettent cela. Et hier soir je suis tombé à la télévision, sur Ciné + Club, sur un film charmant de 2021, en noir et blanc « Playlist », certainement parce que la réalisatrice Nine Antico vient du dessin et de la BD, qui met en scène ses journaux intimes féminins, avec ce comment font-elles et qu’espèrent-elles de l’amour que mon âme de petite souris adore. Son héroïne principale est jouée par Sara Forestier, qui fait admirablement la méduse face aux gifles et renversement de situation d’une vie sentimentale et professionnelle à ses débuts. Elle est accompagnée de Laetitia Dosch, dont la capacité à surnouer et emporter dans un monde parallèle chaque situation simple de prime abord, est exceptionnelle. Et puis de toute une ribambelle de types qui pourraient être le type, puis non, puis peut-être, puis non, puis oui en fin de compte…. Du bonheur en barre.»

Cinéma quand tu me tiens…

Samedi 26 février 2022

Me voilà prise dans le filet du groupe Facebook Cinéma & Littérature. C’est une chose réconfortante d’y recycler mes vieux articles de blogue, voire de commenter ce que certains membres écrivent sur des films que je connais, mais là, j’ai franchi ma barrière : j’ai posté deux articles inédits. Je ne suis pas en vacances, alors le temps, je le vole à ma télévision.

Hier soir, j’ai parlé de La Constance du jardiner. Ce film britannique réalisé par Fernando Meirelles d’après le thriller du romancier britannique John le Carré, a pour thème le scandale des tests de médicaments en Afrique noire. Sur ce drame inspiré de faits réels se greffe une histoire d’amour sans compromis. 
Tessa – Emmène-moi en Afrique avec toi.
Justin – Je t’emmènerais à quel titre?
Tessa – Ça m’est égal. Ce peut être en tant que maîtresse, flirt, femme… dis juste oui ou non.
Justin – Je ne sais pas, on se connaît à peine.
Tessa – C’est l’occasion de m’étudier.
Justin – De t’étudier? Alors, je…
La réponse, on ne l’entend pas, on la vit pendant 129 minutes. 
J’avais vu ce film en 2005, je me souvenais parfaitement de ce dialogue.

Et cet après-midi, j’ai écris au sujet du film C’est ça le paradis ? que j’avais enregistré sur Hélix. La direction photo poétique de cette comédie de l’absurde m’a séduite. Tout en demeurant quasiment muet dans le rôle principal, Elia Suleiman, le cinéaste palestinien – il est né à Nazareth – fait la démonstration que la Palestine, Paris et New York, c’est quelque part du pareil au même, autant rester chez soi!
Le film – prix spécial du jury à la 72e édition du Festival de Cannes – est une coproduction France, Qatar, Canada, Turquie, Palestine. Pourquoi le Canada ? Parce que les scènes new yorkaises ont été tournées à Montréal (j’ai reconnu les lieux, j’y vis).

Pour La Constance du jardinier, les J’aime, les commentaires et les partages sont nombreux. Mais pour C’est ça le paradis?, il a fallu 11 minutes avant d’avoir un premier J’aime (qui sera peut-être orphelin, qui connait ce film ?).

Je rejoins Cinéma & Littérature

Vendredi 18 février 2022

Hier, j’ai découvert un groupe Facebook qui partage mon intérêt quasi obsessionnel pour le cinéma qui s’approprie tous azimuts la littérature. J’ai publié sur leur site, qui a 12,3 k de membres, un de mes articles de blogue : Emerson et le marshall Cole (partagé le 2022-02-17, 13:01); j’ai récolté 17 J’aime et 4 commentaires. Si tu ne peux pas faire venir à ta montagne les cowboys, rejoins-les sur la leur.

https://www.facebook.com/groups/1091587071006057?sorting_setting=CHRONOLOGICAL

Alors je poursuis l’expérience :
Imaginer une histoire vraie : Marwencol – 2022-02-18, 16:14 – 3 J’aime, 1 commentaire
Subrepticement la culture –2022-02-19, 15:00 – 3 J’aime, 1 partage
Le mensonge de Sherlock Holmes – 2022.02.20, 8:00 – 3 J’aime, 2 commentaires – j’ai répondu à l’un d’eux, 2 partages
Bianca, Florence et Marguerite – 2020.02.22, 8:02 – 8 J’aime, 1 commentaire, 1 pouce levé
Doit aimer les chiens – 2022.02.24 (je cesse de noter le résultat… cela devient fastidieux)
Femmes de rêve – 2022.04.02

Pour qu’on s’intéresse à moi, nouvelle venue sur cette montagne, il faut que je m’intéresse à ses cowboys.

Je commente donc :

Le beau Serge (1958) J’ai suscité la discussion, mais pas de façon sympa… Je passe pour une gourde ! M’abstenir désormais ? Je réfléchis (dans l’angoisse existentielle) et je décide de m’expliquer : « Il y a le gouffre. Et il y a le pont qui le traverse. Je m’intéresse en éclectique à la poésie cinématographique. Et voilà que je pense à Mélies. Je ferai attention à mes mots, me rappelant que je ne suis pas une historienne du cinéma, mais une littéraire. » Joel P. me répond, je lui réponds : «À Montréal, le cinéma Élysée, rue Milton, près des Beaux-Arts, présentait les films de la Nouvelle vague (1959-1987). J’ai le souvenir d’y avoir vu À bout de souffle, Jules et Jim, Cléo de 5 à 7, Ma nuit chez Maud, La nuit américaine, Les parapluies de Cherbourg, Le genou de Claire, Le bonheur, L’amour l’après-midi, Un homme et une femme, La femme d’à côté, Belle de jour, Le dernier métro, César et Rosalie… d’autres, plusieurs autres… Peau d’âne, Diva ! Mais est-on toujours dans cette Nouvelle vague? Dans ces années-là, je n’avais pas étiqueté la programmation de la salle autrement que par «films français». Au centre-ville, les films étaient américains (Five easy Pieces, Easy Rider) ou japonais (Onibaba), et je les aimais aussi.»

De mes 5 ans à mes 17 ans, je vivais dans une petite ville à mi-chemin entre Montréal et Québec, où deux cinémas projetaient chaque semaine un programme double différent, et j’y allais tous les samedis. Mon père, électricien, était régulièrement appelé à y faire des réparations, et il me rapportait des bouts de films sacrifiés au collage après que la bobine ait pris feu (comme dans Cinema Paradiso). De plus, je vivais à côté d’un autre cinéma, désaffecté celui-là depuis des années, dans lequel il y avait encore des reliques cinématographiques que je récupérais au risque de ma vie (vu l’état des lieux, je n’exagère pas). Mon enfance a été aventureuse.

Dans les cinémas de ma petite ville, j’ai vu Tarzan (Johnny Weissmuller) Annibal (Victor Mature; acheté ensuite en Dans les cinémas de ma petite ville, entre Montréal et Québec, j’ai vu Tarzan (Johnny Weissmuller) Annibal (Victor Mature; acheté ensuite en Cinéroman, voir ma photo), Ben-Hur (Charlton Heston, 1959), Dracula, Frankestein, La mouche (1958), et d’autres films d’horreur, certains en 3D avec des lunettes, un oeil rouge, un oeil vert, je me souviens du monstre des marais. J’ai vu aussi les comédies musicales américaines de l’après-guerre (Dansons sous la pluie, etc.), les films d’Elvis Presley, ceux de Gilbert Bécaud, la Mélodie du bonheur (la famille Trapp), L’eau vive avec la chanson de Guy Béart, Roméo et Juliette de Zeffirelli… J’ai été une enfant libre conscience de ce privilège.

Encore là, je cesse de noter mes commentaires… Merci à tous !

Moi, la cariatide

lundi 5 juillet 2021

Merci à tous mes amis, toutes mes amies Facebook qui ont eu un bon mot pour moi samedi, jour de mon anniversaire, que je célébrais à Sutton ayant été invitée à l’inauguration du centre d’Arts de de rêves.

Parmi les voeux, celui-ci de Diane Landry reçu par courriel : «Merci de continuer à inspirer et soutenir notre communauté littéraire. Tu es notre pilier.» Elle parle de la Société littéraire de Laval et de la revue d’arts littéraires Entrevous, dont je suis directrice artistique.

L’image est proche de ce que je ressens : je me vois «cariatide». Je suis à ma place dans ce rôle, heureuse de soutenir les créateurs qui m’accordent leur confiance, leur amitié.

Emerson et le marshall Cole

dimanche 18 avril 2021

Je veux parler d’Appaloosa, le film réalisé en 2008 par l’acteur américain Ed Harris, dans la grande tradition du western. Une adaptation d’un roman de Robert B. Parker (2005). Et il y a plus, pour qui s’intéresse aux mots : le marshall Cole s’attèle au cours du film à la lecture des œuvres complètes de Ralph Waldo Emerson (1803-1882), le grand penseur de l’individualisme démocratique américain, qui a écrit :

«La société n’aime ni les réalités ni les créateurs, elle préfère les noms et les coutumes.»

« La solitude est impraticable, et la société fatale. Nous devons garder notre tête dans l’une et nos mains dans l’autre. »

Et moi, voilà que j’ai l’impression d’avoir déjà écrit cet article de blogue. Ou alors je ne l’avais pas encore fait et le sujet était demeuré dans ma tête. Il s’est rappelé à moi hier soir en regardant à la télé un autre western, sorti en salle en 2000, et où les dialogues et le titre du film participent à l’atmosphère intellectuel : De si jolis chevaux. Là encore, le scénario est adapté d’un roman éponyme, de Cornac McCarthy celui-là, publié en 1994.

J’aime un très grand nombre de films adaptés de romans.

Imaginer une histoire vraie

lundi 12 avril 2021

Hier soir, dans les nouveautés Illico, j’ai trouvé ce film, sorti en salle en janvier 2018, mais dont je n’avais eu aucun écho jusque-là. L’histoire vraie de Mark Hogancamp, un artiste et photographe qui, amnésique au réveil d’un coma, sublime la violente agression (en avril 2000) dont il a été victime en inventant un univers miniature (des maquettes habitées par des poupées (style Barbie et GI Joe), où il est un soldat américain sauvé par des femmes, alors qu’il est poursuivi par des nazis*.
* Une des raisons qui explique que ce film m’a fascinée dès les premières images : dans un de mes rêves récurrents, c’est la guerre de 1939-1945 et, comme lui, je suis poursuivie par des Allemands. Je n’élaborerai pas sur cette coïncidence…

Pour ajouter à sa démarche d’autothérapie, l’artiste collectionne des chaussures de femmes à talons, qu’il porte occasionnellement pour ressentir « l’essence » de la femme. Ses poupées en talons, féminines et guerrières, sont des sublimations des femmes de son entourage. Il y a aussi une sorcière qu’il ne se souvient pas avoir connu.

Un film extraordinaire donc, qui stimule mon imagination et m’incite à chercher des liens. Je découvre rapidement que :
1. les photos des drames joués par les poupées dans les décors miniatures sont exposés un peu partout (New York…) et publiées dans des magazines (New York Times…), et en grand nombre sur Internet (allez voir !);
2. le réalisateur de l’inoubliable Forrest Gump, Robert Zemeckis, s’est inspiré du documentaire Marwencol réalisé en 2010 par Jeff Malmberg, sur la vie et l’œuvre de Mark Hogancamp;
3. Marwencol est aussi un livre d’artiste signé par l’artiste, en collaboration avec Chris Shellen, et paru en 2015 (extrait sur Amazon).

Ainsi donc, le livre d’artiste (qui raconte l’histoire en mots et en images) arrive dans le processus entre le documentaire et le film classé comédie dramatique, alors que pour Mark Hogancamp (et moi), la vie continue…

L’argent et la littérature 2

mardi 29 décembre 2020

Le samedi 8 septembre 2018, j’avais repéré sur un vieux billet de 20 $ canadiens cet extrait de La Montagne secrète, un roman de Gabriele Roy : «Nous connaîtrions-nous seulement un peu nous-mêmes, sans les arts?» 
Sans raison, ce matin, je revisite mon blogue et je me demande s’il y a d’autres citations littéraires sur des billets de banque canadiens, voire à travers le monde. Et je trouve un billet de 100 $ canadiens mis en circulation en mars 2004, qui arbore à l’endos un extrait du poème Jacques Cartier in Toronto de Miriam Waddigton. Mais la reproduction du billet sur Internet rend le texte en partie illisible. Je crois avoir bien déchiffré les mots, sauf peut-être «sur sa voie». Je ne trouve nulle part le nom du traducteur.

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