Samedi 5 octobre 2024
Je suis préoccupée par les choix de films que nos écoles et nos bibliothèques montrent aux enfants du primaire et du secondaire. J’écris montrent, car d’après mon expérience d’accompagnatrice de mes petits-enfants, je n’ai vu à ce jour aucun éducateur ni aucune éducatrice en présenter un, comme on le fait dans les ciné-clubs. Ni explication contextuelle avant, ni échange avec les enfants et leurs parents après. Et surtout, les choix m’ont paru chaque fois douteux dans un cadre éducatif.
J’ai donc entrepris de faire des suggestions. Et j’offre d’animer un ciné-club éducatif à qui me le demandera. Je suis diplômée en sciences de l’éducation.
1 – Moonrise Kingdom
Deux enfants très intelligents mais différents (qu’on dit «à problème») se rencontrent, tombent amoureux et fuguent. Du déjà vu ? Oh non ! ce film esthétique, d’un lyrisme surprenant (traduction littérale du titre : «Le Royaume du lever de lune»), est un film de Wes Anderson! Acclamé au Festival de Cannes, avec Bruce Willis (en shérif local qui va s’attacher au jeune Sam Shakusky), Bill Murray et Frances McDormand (en parents de Susy Bishop).
Discrimination et préjugés évoluent vers une solidarité qui transforme positivement la vie d’une communauté. Ça se passe en 1965, à une époque où les grands-parents de nos écoliers l’étaient eux-mêmes, et où le scoutisme occupait les loisirs de nombreux jeunes, garçons et filles, ce qui est toujours d’actualité.
2 – August Rush
August Rush fugue de l’orphelinat pour devenir musicien de rue. Son talent inné pour la musique attire l’attention : il est admis à la prestigieuse école de musique Juilliard. Persuadé que ses parents n’ont jamais voulu l’abandonner, il compose pour eux une symphonie qui sera jouée lors d’un grand concert à New-York, dans Central Park. Une histoire d’amitié, de filiation et de musique, et aussi de dénonciation de l’exploitation des enfants.
Ce film est aussi une occasion de parler de l’influence de la musique classique sur la musique contemporaine : une orchestration du Prélude de la Partita de Bach pour violon seul en mi majeur constitue la première partie de la August Rhapsody in C major, une œuvre de Mark Mancina (https://open.spotify.com/intl-fr/track/4abCk2NzY5myNXKhAcD8Si).
3 – À tout jamais : Une histoire de Cendrillon
Jeune femme moderne du XVIe siècle, Danielle est aussi indépendante et sage qu’elle est belle et gentille. Elle résiste à sa belle-mère et à une demi-soeur intrigantes, et fait des miracles sur la vie de tout le monde autour d’elle, y compris le prince héritier de France, à qui elle donne rendez-vous dans une bibliothèque pour lui suggérer de créer une université. Dans ce film, la fée est remplacée par Léonard de Vinci ! Il est aussi question des voyages en Amérique du Nord de Jacques Cartier. Un récit captivant et contemporain qui revisite intelligemment un conte de fées classique.
4 – Pour un garçon (ou Comme un garçon, au Québec)
Marcus, le fils de 12 ans d’une mère dépressive écolo, s’attache à un riche célibataire amoureux d’une autre mère qui le juge superficiel. Au contact les uns des autres, chacun évolue positivement. Un film d’empathie et d’entraide. Et au cœur de l’intrigue, un spectacle de talents à l’école !
5 – Portrait craché d’une famille modèle (Parenthood)
Suggestion pour le premier cycle du secondaire. Chaque personnage est un sujet de discussion : quatre adultes qui, enfants, se sont sentis délaissés par leur père bourreau de travail et se sont promis d’être de meilleurs parents; Gil, un responsable de ventes mal considéré au travail parce qu’il a choisi de prioriser sa femme Karen et leurs trois enfants; Kevin, son jeune fils qui souffre de problèmes émotionnels; Helen, divorcée et mère de deux ados; Julie, l’ainée amoureuse de l’immature Tod; Garry, le cadet en manque d’une figure paternelle; Susan, mariée à Nathan, un scientifique qui veut faire de leur fille de trois ans une surdouée; et Larry, qui vivote de magouilles et ne sait que faire de l’enfant dont il a la garde.