dimanche 25 février 2018 (+ les commentaires d’internautes)
Ce matin, un signet de l’Atelier 10 est arrivé dans ma boite de courriel, avec un lien vers un article du journal Le Devoir : Le nombre de «slasheurs» adeptes du pluritravail est en progression. Enfin, je mets un nom sur ma profession ! Je peux désormais cesser de me désigner comme un drôle d’oiseau ou un couteau suisse, je peux renoncer à expliquer que je suis une mordue du pluritravail qui carbure à la polyvalence et au multitâche, et que l’hyperspécialisation et le travail en silo, c’est très peu pour moi; je n’ai plus qu’à dire : « Je suis une slasheure».
Je passe haut la main le test de la définition de Marielle Barbe, auteure de Profession slasheur : «Cette nouvelle façon d’envisager le travail est le propre de travailleurs curieux, autonomes et plus dynamisés par la découverte que la continuité. Éternels touche-à-tout, les slasheurs cumulent souvent les centres d’intérêt. Leurs passions variées les obligent à apprendre constamment, à se réinventer et à vivre de nouvelles expériences. Les slasheurs préfèrent les chemins de traverse aux autoroutes toutes tracées d’avance, qui les ennuient. Ils parviennent à amalgamer des compétences connexes et ces liens font en sorte qu’ils deviennent très efficaces. Le cumul de leurs compétences crée de la valeur ajoutée.»
Marielle Barbe rappelle que le travail linéaire et ultraspécialisé est une vision récente, héritée de la révolution industrielle, et que les idées les plus percutantes surgissent souvent au carrefour des savoirs et des compétences. Autour de nous, lance-t-elle, il y a probablement plein de Vinci à qui on coupe les ailes.»
«Ces profils atypiques, ajoute l’auteure, sont souvent mal perçus dans certains milieux, où les changements de cap dans les CV attirent la suspicion plutôt que l’intérêt des employeurs.» Personnellement, j’ai connu cela, de multiples fois, si bien que j’ai fini par accepter ce que je suis «au plus profond de [mon] identité» : une slasheure. Hélas ! je ne suis plus assez jeune pour considérer comme un atout à long terme ce qu’elle qualifie de «longueur d’avance», mais je suis très reconnaissante envers la Société littéraire de Laval qui, depuis plus de dix ans, utilise envers et contre tous mes talents de slasheure.
Yvon Côté a déposé ce commentaire sur ma page Facebook :
«Oui, Danielle, je partage entièrement votre adhésion à la vocation de « slasheur ». Cette « vocation » ne se porte pas facilement dans notre monde moderne fait « tout en singularités », spécialités et spécialisations formelles.
Car, plus on rétrécit ses capacités à des spécialisations, plus on se prive de la Connaissance générale et d’une vision d’ensemble. Pas surprenant que la Culture soit si peu visible dans nos sociétés d’aujourd’hui. On en arrive à ne plus rien savoir du monde qui nous entoure. Nous tombons alors dans une sorte « d’ignorance institutionnalisée ».
J’ai soudain la nostalgie des grands maîtres de jadis, écrivains, architectes, scientifiques, qui -libres d’esprit et d’idéologie- ont pu nous conduire, dans leur SIMPLICITE d’artisans ou de chercheurs curieux- vers des horizons nouveaux, ou bâtir des monuments superbes devenus legs éblouissants pour notre imaginaire…
Nous aurions beaucoup à apprendre d’eux, mais de nous-mêmes aussi, si nous pouvions « penser en dehors de la boîte », comme on dit communément!»
Anne-Marie Lefebvre a déposé ce commentaire sur ma page Facebook (il est perdu, mais elle s’est reconnue !)