25 février 2016
J’ai accepté l’invitation des Rendez-vous du cinéma québécois, pour la première mondiale de Copenhague – A Love Story, un film du Montréalais Philippe Lesage. J’ai invité Maxianne Berger à m’accompagner, car je la sais friande de cinéma. Elle est fan du Festival des films du monde (où je l’ai déjà croisée) et du Festival des films sur l’art (où elle m’a déjà croisée).
Ce qui m’intéresse dans le film de ce soir, c’est le genre : une fiction proche du documentaire, et où les acteurs improvisent, une romance à saveur autobiographique tournée au pays de Lars Von Trier. Le tournage expéditif et l’équipe réduite au minimum m’inquiètent un peu toutefois. L’auteur a déclaré à La Presse: «… il y avait beaucoup de place pour […] la recherche d’authenticité, la spontanéité et le naturel dans le jeu. Il faut tout le temps être ouvert aux imprévus, aux accidents, au hasard. Le fait que rien n’était arrêté, que ça ne s’appuyait pas sur un scénario de 90 pages dialogué, c’est ça qui a permis autant de fraîcheur.»
Le lendemain de cette première mondiale, Maxianne m’écrira ceci :
«Cela me fait penser à un chansonnier américain, feu Phil Ochs, qui dans les années 1960 avait écrit dans The Party: « et la conversation scintille alors que leur jugeotte se trempe dans le vin » (dans le film, c’est de la bière). J’ai aussi pensé à Eric Rohmer qui disait: « Mes Contes moraux sont l’histoire de personnages qui aiment bien analyser leurs pensées et leurs état d’esprit. » Dans Copenhague – A Love Story, les personages se parlent, tournent en rond autour de leur état d’esprit, mais ne semblent aboutir nulle part… et parfois même, cette conversation est entrecoupée de silence embarrassé, maladroit. En somme, c’est un film métafilmique où il est dit que Philippe (l’auteur-réalisateur et comédien) cherche à faire un film, mais on ne voit aucune activité engagée dans ce sens. Il n’y avait pas de scénario détaillé, mais comme le dit Victoria (le personnage féminin principal): « Je ne sais pas ce que Philippe veut pour son film. »»
Avant la représentation, j’ai pu interviewer Philippe Lesage sur le tapis bleu. J’étais curieuse de connaitre le pourcentage de biographie dans le film. Sa réponse: 50%. Les relations personnelles entre ses étudiants contiendraient une bonne dose de fiction « pour pimenter le film», dit-il. Je me plais à penser que les scènes minimalistes avec la chaise et le sac à dos – mes préférées – sont empruntés à son vécu d’enseignant en cinéma, au Danemark. Les comédiens, tous bénévoles, étaient ses élèves. Le film est une sorte d’exercice d’improvisation pour ces jeunes, tous talentueux.