28 juin 2016 – pour réagir à cet article, expédiez-moi un courriel.
Vendredi dernier, jour de la Fête nationale, monsieur le maire de Laval, Marc Demers, recevait à l’hôtel de ville. Une note parfaite pour tout ce qui s’est passé en deuxième partie, sous un chapiteau. Le choix musical a certainement fait l’unanimité: un répertoire classique joué par des élèves d’une école secondaire lavalloise; en plus de contribuer au plaisir des invités d’être là, les jeunes ont été valorisés par des marques d’appréciation de leur talent et une photo avec le maire souriant. Le cocktail aussi était parfait: service distingué, boissons et desserts variés et de qualité, dont la surprise glacée annoncée: un rouleau de glaces et sorbets maison impossible à décrire en quelques mots (surtout que je ne voudrais pas gâcher l’effet de l’inventeur de cette ingénieuse machine distributrice, si jamais vous la découvrez dans une autre réception).
Là où le bât blesse, c’est dans la première partie devant l’hôtel de ville, entre les discours officiels et la levée du drapeau. On a confié à un amuseur public déguisé en colon de la Nouvelle-France l’important «discours nationaliste». Ici, je vais me censurer et chercher un mot moins fort que honte… disons, gêne. Et à mon sens, une erreur. J’ai pensé et dit à qui voulait m’entendre combien j’aurais trouvé préférable de confier cette tâche délicate à un «poète de la cité». C’est le rôle d’un «poète de la cité» d’écrire sur commande des textes poétiques «engagés» qui élèvent le discours et renforcent la fierté des citoyens et leur sentiment d’appartenance à la communauté. Autrement dit, le poète officiel «entre en résonance avec le discours social et politique de la ville tout en l’enrichissant».
Vous ne le savez peut-être pas, mais il y a un «poète de la cité» au Parlement, à Ottawa, depuis 2001; Michel Pleau occupe actuellement le poste. Et il y en a un à Montréal depuis 2011, nommé par le Conseil des arts municipal; Claude Beausoleil a été le premier, puis Martin Thibault et Bertrand Laverdure. Et il en va de même dans plusieurs autres grandes villes, surtout anglo-saxonnes.
Vous êtes sceptique? Dans le numéro 86 de son périodique Brèves, la Société littéraire de Laval a publié un poème de Leslie Piché, qui lui avait été commandé pour le jour du Souvenir (voir le PDF). Ce poème était reproduit sur le sol, au pied du carillon de la place Claude-Léveillée, devant l’Université de Montréal à Laval. Pendant la cérémonie 2012, la poète l’a lu, accompagnée par la musique pour carillon de Louis Babin, alors compositeur en résidence à Laval.
Le 24 février, j’avais expédié ce courriel à monsieur Raynald Adams, le responsable de la culture au comité exécutif de Ville de Laval:
«Bonjour monsieur Adams
J’aimerais discuter avec vous d’une invitation que la Maison de la poésie a transmise à monsieur le maire concernant un projet de nomination d’un poète de la cité à Laval, comme en a un Montréal et d’autres capitales et grandes villes du monde, sans parler du gouvernement fédéral qui a son poète du Parlement.»
Sa réponse m’est parvenue le 1er mars:
«Bonjour Madame Shelton,
En ce qui concerne le projet de « poète dans la cité », la décision reviendra au maire à son retour de vacances. Je prends note de votre suggestion de Mme [Leslie] Piché, d’autant plus qu’elle siège au Conseil régional de la culture. Quoi qu’il en soit, il va sans dire que si la décision du maire est favorable, le ou la poète à qui nous ferons appel sera membre de la Société littéraire de Laval.
Recevez mes salutations cordiales,
Raynald Adams»
Le 24 juin, j’ai rappelé cet échange à monsieur Adams, qui m’a dit que le projet n’avait pas été discuté au conseil municipal. La Société littéraire le relance puisqu’il semble avoir glissé sous une pile d’autres priorités.